AC Ajaccio : L'histoire du stade François-Coty

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1922-1968 : Le Stade Jean Lluis

Avant d’évoluer au stade François Coty, l’ACA a écrit les premières pages de son histoire au stade Jean Lluis de 1922 à 1968. L’enceinte sportive était située dans le quartier « I Salini » à l’entrée sud de la ville d’Ajaccio. Devant la multiplication des sociétés sportives sur l’île et la règlementation de la place du Diamant par la mairie en 1917 (en raison de nombreuses plaintes du voisinage), l’idée de construire un stade omnisports a fait son chemin parmi la municipalité et l’équipe dirigeante de l’ACA. C’est en 1920 que le président du club, Jean Lluis présente un projet de stade pour des activités sportives. Les dirigeants ajacciens achètent dès lors un morceau de terrain près de la voie ferrée à la sortie de la ville, au lieu-dit des Salines, appartenant au département de Corse-du-Sud (une parcelle a été vendue, une autre donnée à l’Athletic Club Ajaccien). Après divers souscriptions, subventions de la ville, et un emprunt auprès de M. François-Coty, industriel ajaccien de grande renommée (12 000 francs), l’ACA devient propriétaire du terrain en 1921. La construction fût achevée et inaugurée le 8 octobre 1922. L’ACA a alors l’obligation de mettre son terrain à disposition d’autres sociétés sportives associées à une fédération. C’est ainsi que le stade Jean-Lluis est devenu l’antre du sport ajaccien pendant près de cinquante ans. La structure pouvait accueillir jusqu’à 5 000 spectateurs. Le stade Jean-Lluis a connu les deux premières saisons professionnelles de l’ACA en D2 (1965-1966 et 1966-1967) dont le titre de Champion de France D2, une saison de D1 complète (1967-1968) ainsi que les 13 premières journées de la saison D1 1968-1969.

1965 : la naissance du projet de nouveau stade

Ambitieux dès leur arrivée dans le monde professionnel, les dirigeants Acéistes ont souhaité offrir à la ville et au club une installation digne du niveau national. C’est ainsi qu’est née l’idée de construire un nouveau stade à Ajaccio pour la D1. Le 20 novembre 1965, le club dépose un descriptif du projet appelé « Parc des Sports ». Ce dossier est alors déposé par Elie Beaufort, architecte avec le concours de son bureau d’étude situé 34 cours Napoléon. Les premiers plans sont ambitieux, on découvre un stade de football, une piste d’athlétisme de 400m, un court de tennis, un terrain de basket et même une piscine olympique. Inutile de préciser que toutes ces ambitions ne seront pas totalement réalisées. De plus, les architectes tiennent à préserver le site somptueux de Timizzolu, en ne construisant pas de tribune « côté mer » afin de préserver la vue magnifique sur la mer Méditerranée. Le permis de construire est déposé le 25 janvier 1966 au nom de Toussaint Torre pour le compte de l’Athletic Club Ajaccien. Le dossier portera le numéro 14.030. Dès lors débute de nombreux échanges d’informations et de courrier entre l’ACA, son bureau d’étude, la Direction de la Jeunesse et des Sports, l’ingénieur des Ponts et Chaussées et les services départementaux tout au long de l’année 1966. On retiendra cet avis d’Henri Peyrint alors chef du service départemental : « L’abandon du stade Jean-Lluis, sans parking, étouffé dans la ville est un événement heureux. D’autant plus que le gain pour l’ACA et pour tous les sportifs de la ville dont les scolaires sera quantitatif et qualitatif. La création de cet ensemble serait une véritable aubaine pour la jeunesse ajaccienne » le 22 juin 1966.

1967 : le projet de Timizzolu est acté !

Lors du conseil d’administration du 21 mars 1967, les dirigeants de l'AC Ajaccio annoncent clairement leurs ambitions: « Nous voulons monter en première division ! » disent-ils à l'hôtel Dolce Vita, au cours d'une conférence de presse. L’équipe réalise un excellent championnat de D2 et le titre de champion de France se dessine. Il faut donc construire très rapidement le nouveau stade. Voilà plusieurs mois à présent que l’idée de bâtir une nouvelle enceinte près de Campo Dell’Oro au lieu-dit « Timizzolu » fait son chemin. Puisqu'il est inconcevable que l’ACA puisse rejoindre l'élite avec des installations aussi archaïques. La presse relaie les ambitions du club et le projet le 28 avril 1967. Les dirigeants Acéistes échangent leurs terres du stade Jean Lluis avec celles de Toussaint Torre au lieu-dit Timizzolu. 5 hectares sont donnés dans un premier temps à l’ACA, Toussaint Torre s’engage à réaliser les travaux de construction du nouveau stade. De son côté, le club signe une convention avec le département de Corse-du-Sud le 13 juillet 1967 pour acter l’échange et pour préserver les intérêts de cette dernière, à savoir qu’un terrain jouxtant le stade de Timizzolu doit servir l’intérêt général (il s’agit alors d’un terrain situé à Campo Dell’Oro). Les dirigeants de l’ACA ont, à ce moment-là, été des visionnaires ! Construire une telle infrastructure à cette époque, pour le premier club corse à s’aventurer dans le monde du football professionnel, est encore aujourd’hui un acte fort. L’exposition réalisée en décembre 2023, à l’occasion des 55 ans du stade, est un hommage à toutes les familles ajacciennes représentées dans le Conseil d’Administration de l’ACA, les familles Biggi, Torre, Neri, Fagni, Alexandre, Tirroloni, Fieschi, Federicci ... et toutes celles et ceux qui ont été partie prenante de cette magnifique réalisation que nous ne pouvons citer entièrement mais que nous saluons.

1968 : Le dernier match à Jean Lluis

1968 est une année importante dans l’histoire de l’ACA. Les mois de mars-avril marquent le début officiel des travaux comme relate Le Provençal ou encore un reportage télévisé de l’époque. En coulisse, tout se met en place pour accueillir le club de première division. Le projet s’affine au fil des échanges avec les autorités et l’ACA est désormais soucieux d’évoluer dans son nouvel écrin après une saison de D1 au stade Jean-Lluis . Durant toute l’année 68, tout le monde s’activera pour bâtir le stade de Timizzolo. De nombreux dirigeants acéistes, entrepreneurs, n’hésitent pas à prêter main forte. La fin des travaux approche, la grande famille Blanche et Rouge fixe les échéances : le 17 novembre 1968, les Acéistes disputent leur dernier match officiel au stade Jean-Lluis. L’ACA affronte l’Olympique Lyonnais en D1. Les Ours tiennent à signer un succès net et sans bavure, 4 à 1. Les buts sont signés Jean-Jean Marcialis (2), Michel Ruelle et Juan Risso provoquera un but du lyonnais Kuffer contre son camp ! La composition rappellera bon nombre de souvenirs à ceux qui ont été témoins de cette magnifique époque avec Baratelli - Vannucci, Brucato, Lopez, Sbaïz – Girod (puis Moïse), Risso, Georgin, Ruelle – Peretti, Marcialis. Entraineur Alberto Muro. Les Blanc et Rouge sont à ce moment précis, 5ème de Division 1 après ce succès éclatant. C’est une page de l’histoire de l’ACA qui se tourne, une page longue de 46 années. Dix jours plus tard, le 28 novembre 1968, les joueurs de l’ACA s’entraînent pour la première fois sur la verte pelouse du stade de Timizzolu.

1968 : les derniers travaux

Les dirigeants acéistes fixent la date de leur entrée à Timizzolo : l’ACA jouera pour la première fois, dans son nouveau stade, le 1er décembre 1968, en prévision du tout premier derby corse en D1 de l’histoire ! Trois jours avant cette date, l’équipe prend ses repères pour la première fois sur le terrain long de 108 mètres et large de 73 mètres. Une dimension plus grande que la pelouse du stade Jean-Lluis. À Ajaccio tout le monde s’interroge sur la capacité de l’équipe d’Alberto Muro de pratiquer le même football sur un terrain digne de ce nom. La presse insulaire et les Ajacciens sont en effervescence avant de découvrir et de jouer dans la nouvelle enceinte. Tous les efforts se portent sur l’aire de jeu, afin que tout soit prêt pour le derby. Dans le journal « Le Provençal », José Maragna décrira au grand public l’œuvre : « Timizzolo, nouveau temple des Acéistes ». Le journaliste retracera l’historique de la construction, des premiers grondements de bulldozers sur l’ancienne carrière de Timizzolo à la création de ce complexe sportif de 15 000 places. Avant le match, l’entraineur ajaccien pouvait compter sur ses forces principales comme décrivait si bien le journaliste Dominique Figarella dans Le Provençal : « Baratelli compte parmi les trois meilleurs gardiens français […] Sbaïz et Lopez se révèlent d’une solidité à toute épreuve […] Calmettes, homme pondéré et calme offre un contraste frappant avec son pendant de la droite […] Marcialis et sa science du jeu, la combativité de Peretti ou encore le douzième homme Sansonnetti dont le désir de jouer pourrait faire la différence ». Ce sont les forces en présence Blanche et Rouge avant le premier derby insulaire en D1. Des paroles prémonitoires d’une victoire historique.

La victoire étincelante contre Bastia

Nous sommes le 1er décembre 1968, l’ACA reçoit le SECB dans le cadre du premier derby corse de première division. Sans doute que ce match est l’un des plus mémorables de toute l’histoire du club. La rencontre est surmédiatisée et 15 000 spectateurs se rendent au match. Quelques incidents éclatent entre supporters des deux équipes, au moment où les vingt-deux joueurs font leur entrée sur la pelouse dont un planté de drapeau légendaire au centre du terrain de la part de supporters des deux équipes. Avant le coup d’envoi de la rencontre, l’Abbé Martini a béni le stade de Timizzolo. Dans un match à sens unique, l’ACA s’impose sur le score de 4 à 0. Les buts sont signés Claude Peretti à la 24ème minute de jeu d’une tête à la suite du centre de Ruelle. Franceschetti, malheureux bastiais, détourne la balle de Juan Risso dans ses propres buts. Enfin, le duo Marcialis-Sansonnetti (dont les portraits trônent aujourd’hui sous forme de fresque au sein du stade) est venu couronner ce succès. Marcialis a fusillé Orsatti (72’) et Sansonnetti, passeur pour son compère, a porté le coup de grâce à la 79ème minute. Orsatti évitera une défaite plus lourde en réussissant plusieurs arrêts dans les dix dernières minutes de jeu. Timizzolo exulte ! La presse est unanime, l’ACA, remarquable d’aisance, ne laisse aucune chance au SECB pour Nice-Matin. L’élan et le tranchant était du côté Blanc et Rouge pour « Le Provençal » ou encore fraîcheur et jeunesse étaient les cartes maîtresses de l’Athletic Club Ajaccien. À noter un moment particulièrement mythique, après le troisième but, les supporters ajacciens se mirent à chanter « L’Ave Maria » !  « Comment voulez-vous que les Ajacciens ne gagnent pas, s’exclama un supporter bastiais lorsque Sansonnetti clôtura la marquue : ils ont Napoléon, Tino Rossi, ils nous ont pris Sanso et Antoine est avec eux ! » À l’issue du match, la grande fierté est affichée du côté d’Alberto Muro, l’entraineur qui a réussi son pari, celui de démontrer que l’ACA pouvait jouer aussi bien sur un grand terrain ».

ACA-SCB : c'était Austerlitz !

« C’était Austerlitz ! ». Ce titre que l’on doit au journaliste Pascal Bontempi après la rencontre retrace parfaitement l’ampleur de l’évènement et de la victoire ajaccienne. Voici quelques extraits de cet article désormais mythique : « Pour la réussite totale du derby, les dieux du football ne pouvaient se montrer plus favorables. On inaugurait le stade de Timizzolo […] Le ciel était d’un bleu immaculé et le soleil aussi chaud qu’au printemps. La brise du large n’était venue que pour faire flotter les drapeaux multicolores hissés aux mâts du stadium, et tempérer l’ardeur des innombrables supporters. On a battu à cette occasion tous les records d’entrées […] Il fallait à l’ACA une victoire pour que la fête fût complète. Cette victoire, les Ours l’ont obtenue éclatante façon. C’était Austerlitz ».

Un dirigeant acéiste a déclaré : «À présent Dieu peut me rappeler à lui, j’ai vécu le plus beau jour de ma vie…». Jean-Baptiste Neri, dirigeant acéiste : «Voilà un évènement qui fera date dans les annales».

France Football a décrit ce derby record : « Ce fut incontestablement le derby des records. Record absolu en matière de spectateurs, de recette et d’embouteillages depuis la ville. Record d’ensoleillement pour un 1er décembre, record enfin pour l’ACA qui n’avait jamais battu son rival insulaire en championnat, mais celui-ci n’avait rien perdu pour attendre comme l’atteste le cinglant 4-0 dont écopa Bastia ». Victor Sinet, lui, décrira Timizzolo, nouveau paradis du football : « Les dirigeants de l’AC Ajaccio n’auront pas à regretter d’avoir songé à doter leur bonne ville impériale d’une aire sportive plus conforme à l’ambition toujours dévorante du football corse. Il y avait 14 421 spectateurs au nouveau parc des sports de Timizzolo. De tels chiffres se passent de commentaires. Ils signifient que les Corse ont gravi un nouvel échelon […] Timizzolo est une grande réalisation. Les spectateurs du derby Ajaccio-Bastia prennent la forme d’un exemple fabuleux ». Le Maire d’Ajaccio Pascal Rossini, après avoir félicité les joueurs aux vestiaires, a déclaré : « Je suis très satisfait du succès populaire extraordinaire qu’a obtenu ce derby. Et puis la victoire de l’ACA acquise de haute lutte devant un adversaire extrêmement valable et courageux a été très méritée. Peu de gens cependant pensaient qu’elle atteindrait une telle ampleur. Hier, les Ajacciens ont joué carrément l’offensive et cela a été payant. Bravo donc aux dirigeants et joueurs acéistes pour cette brillante victoire qui rejaillit sur la ville et sur tous les Ajacciens ».

1971 : le stade baptisé François-Coty

À ses débuts, et durée trois années, le stade s’appelait le Parc des Sports de Timizzolo. En référence à sa situation géographique. Grâce à un article de Ghjilormu Padovani, interrogeant Roger Miniconi nous connaissons la signification de Timizzolu : « Avant de devenir célèbre pour abriter le stade de l’ACA, Timizolu évoque une petite rupture de pente, au pied d’un aplomb rocheux composé de timozzu et du suffixe olu, signifiant petit ». Au début du mois de décembre 1971, la presse nous apprend que « le plus grand des stades ajacciens portera le nom du plus illustre des maires de la ville ». En effet, François Coty est une personnalité ajaccienne brillante. De son vrai nom François-Marie-Joseph Spoturno. Il est le fondateur de la parfumerie industriel, a connu une réussite éclatante, élu sénateur de Corse en 1923, maire d’Ajaccio au début des années 30 et bienfaiteur dans sa ville natale pour laquelle il a fait de nombreux dons financiers. L’idée de rendre hommage au célèbre industriel corse émanait d’un dirigeant acéiste. Le 12 décembre 1971, à l’occasion du match ACA-Nîmes, une inauguration officielle est organisée par l’ACA de manière spectaculaire. Le nom stade François-Coty trône sur un immense pied à la rotonde. Un ruban symbolique géant fût coupé par la fille du célèbre parfumeur et ancien maire de la ville, Christiane Spoturno-Coty. De nombreuses personnalités locales étaient présentes pour assister à l’évènement : Pascal Rossini (maire d’Ajaccio), François Bourgin (préfet de Corse), François Giacobbi (président du Conseil Général), Dominique Arbori (adjoint au maire), Jean Colombani, Antoine Federicci et Jean-Baptiste Neri (conseillers municipaux), Antoine Biggi (Maire de Cauro et ancien président du club), Martin Baretti (ancien joueur de l’ACA), Jean Ferracci président de l’ACA en fonction à ce moment-là.  La fête fût grande au stade, les jeunes du club ont défilé, la musique municipale également et le coup d’envoi du match a été donné par Isabelle Wuest, licenciée féminine de l’ACA. Au niveau de la rencontre, l’AC Ajaccio se contentera du match nul face à Nîmes (0-0).

1973-1992: la traversée du désert

La fin des travaux du stade s’achève en 1971. Elle n’est pas intervenue plus tôt car Timizzolo souffre alors de l’insuffisance d’équipements prévus au départ comme les parkings, le terrain annexe ou encore la piste d’athlétisme. Entre 1968 et 1971, les installations sportives fonctionnent de manière sommaire : 5 hectares à Timizzolo et 3 hectares à Campo Dell’Oro. C’est alors qu’un nouvel échange de terre intervient entre Toussaint Torre et l’ACA. Le club bénéficie de 3 hectares supplémentaires attenant au stade (actuels terrains d’entrainement) contre les terres nommées Campo Dell’Oro, anciennement du Duc de Caraman. C’est à ce moment-là que l’institution Blanche et Rouge bénéficie d’un ensemble en un seul tenant. Enfin, les réalisations s’achèveront en 1973 par la « Plaine de jeux de Timizzolo », le terrain en terre que l’on appelle de nos jours familièrement « tir à l’arc ». C’est grâce à la Ville d’Ajaccio et la préfecture que cette réalisation voit le jour (249 000 francs pour chacune des deux parties). Une bâtisse avec des vestiaires est construite. Sur ce terrain, la jeunesse ajaccienne a pu jouer et s’aguerrir des années durant. Lorsque l’ACA est exclu des championnats professionnels en 1975, le stade François-Coty tombe dans l’abandon le plus total. Après avoir été précurseur dans le football professionnel et dans la réalisation d’une enceinte sportive de cette ampleur, l’Ours connait des heures sombres. Durant près de deux décennies, plusieurs acéistes emblématiques maintiendront la flamme Blanche et Rouge en vie jusqu’en 1992, lorsqu’une nouvelle équipe dirigeante reprendra le club. L’exposition réalisée au stade en décembre 2023 était également un hommage à tous ceux qui ont permis au club et au stade de traverser le siècle, sans jamais disparaître.

1992 : début de la reconstruction

Une nouvelle équipe dirigeante demande, en 1992, à Jean-Michel Stefanaggi alors président, de s’investir au sein du club. Ils s’appellent Michel Moretti, Alain Orsoni, Antoine Antona, Augustin Torre, Dumè Peretti. Leur objectif ? Redonner à l’ACA son lustre d’antan ! Sur le plan sportif on retrouve des anciens joueurs comme Albert Vannucci, Batti Gentili, Toussaint Martinetti ou encore Paul Orsatti … L’ACA veut redorer son blason sur le terrain et sur le plan de ses infrastructures. Ils seront aidés dans leur tâche tout au long des années 90 et 2000 par de nombreux amis, partenaires, chefs d’entreprises, bénévoles. Le premier d’entre eux : Jean-Baptiste Poli, président de la chambre des métiers d’Ajaccio. Il incitera de jeunes apprentis à faire renaître de ses cendres la tribune Est qui est effondré à certains endroits. Le plus beau stade de Corse est devenu en deux décennies un énorme chantier. Après 4 mois de travaux à l’intersaison 1993, les rénovations avancent rapidement. Les dirigeants organisent un tournoi international pour donner de la visibilité et crédibilité à leur projet : la Squadra Corsa affrontera Monaco, le Dinamo Zagreb et le Servette de Génève au stade François-Coty en juillet 1993. Après les travaux de rénovation, hommage est rendu à Jean-Baptiste Poli, la grande tribune latérale Est porte son nom. Après 2 saisons, 2 accessions et de titre de champion, l’ACA retrouve le niveau National 3. En août 1994, les travaux de terrassement débutent pour la construction de 2 terrains d’entrainement derrière la tribune JB Poli. Michel Moretti déclarera : « Il y a une trentaine de socioprofessionnels qui gravitent autour du club et ces gens-là ont fait un certain nombre de travaux, ce qui a permis de rebâtir une structure digne de ce nom ».

1998 : l'ascension fulgurante !

Voilà maintenant six ans que la nouvelle équipe dirigeante a repris le club. L’ACA réalise un parcours fulgurant avec 5 accessions en 6 saisons, toutes couronnées par un titre de champion ! De la PHA (1992) jusqu’en D2 (1998). Une première en France. Il faut à présent mettre le stade François-Coty à niveau, une nouvelle fois. Car les exigences de la Ligue de Football Professionnel sont élevées. Le Conseil Général de Corse-du-Sud vote une aide pour la mise en conformité de Timizzolu sous la présidence de Marc Marcangeli. La délibération porte sur l’éclairage, la sécurité et l’augmentation de la capacité des tribunes mais celle-ci sera soumise à des réserves. Lors de la saison 1999-2000, les travaux derrière la tribune Nord débutent, l’ACA disposera d’une capacité supplémentaire derrière le but côté falaise. Hommage est rendu cette fois-ci à Antoine Faedda, emblématique dirigeant et soutien de l’ACA dans sa fantastique remontée et ses exploits des années 90 et 2000. Antoine Faedda répondait présent à chaque fois que le club avait besoin de lui et sa Brasserie du Port était devenu le fief Blanc et Rouge. Des dirigeants comme des supporters. C’était un véritable lieu de vie pour la famille acéiste. La tribune porte son nom aujourd’hui. 4 années plus tard, sous la houlette de Rolland Courbis, l’ACA est sacré champion de France de D2 à l’issue de la saison 2001-2002. Pour retracer le chemin parcouru en 10 ans jour pour jour, Michel Moretti signera un communiqué : d’Antisanti au Parc des Princes. Avec des propos forts : « Nous ne rêvons pas, nous savons qui nous sommes et d’où nous venons, mais notre place nous ne l’avons pas volée, c’est pourquoi nous voulons la garder ! ». Cette place acquise au sein de l’élite est désormais conditionnée à de nouvelles mises aux normes du stade François-Coty. « Le plus exaltant commence » annoncera l’emblématique président.

2002 : le retour au paradis

Le club a réussi son pari incroyable : retrouver l’élite presque 30 ans après l’avoir quitté. Et surtout seulement 10 ans après avoir repris le club. C’est le début de nouveaux problèmes pour les dirigeants ajacciens. L’enceinte n’est pas homologuée pour le plus haut niveau car l’article 103 du règlement administratif de la Ligue exige alors une capacité de 17 000 places. Une obligation qui n’est plus en vigueur aujourd’hui mais qui a posé, à cette époque, beaucoup de soucis à la direction acéiste. L’agrandissement de la capacité du stade ne pourra pas se faire tout de suite, en attendant, de nouvelles mises aux normes sont réalisées au cours de 4 mois de travaux express à l’été 2002 : « les tribunes latérales ont été couvertes, une tribune de presse rénovée, un bureau dédié à la vidéosurveillance, sanitaires et buvettes voient le jour et des escaliers de secours dans les coins du stade ont été construits» déclarent Jacques Nacer, dirigeant ajaccien à France 3 Corse. L’ACA entame dispute son premier match de D1 2002-2003 au stade Armand-Cesari à Bastia (ACA-Guingamp). Les Ours retrouvent leur tanière fin août 2002 et le club évoluera sous dérogation durant quelques saisons. En juillet 2005, à l’aube d’une nouvelle saison de D1 (car l’ACA réussi l’exploit de s’y maintenir 3 saisons consécutivement), la LFP durcit le ton, l’ACA est sanctionné et perd une partie de ses droits télévisés. Le président Michel Moretti réussi quelques temps plus tard à avoir gain de cause et le club retrouve les finances dédiées aux droits télévisés. Mais sportivement le mal est fait, les Ours n’auront pas réussi à se maintenir en D1 avec des moyens limités et une forte adversité.

2007 : Le projet de Michel Moretti

La saison 2006-2007 en Ligue 2 sera décevante, malgré l’arrivée de Ruud Krol et la retenue de quelques cadres dans le groupe, l’équipe termine 12ème du championnat. Une bonne nouvelle intervient le 10 mai 2007. L’homme fort de l’ACA annonce, au cours d’une conférence de presse, un projet d’agrandissement du stade pour régler définitivement tous les problèmes rencontrés par le club depuis sa remontée dans le professionnalisme. Michel Moretti fait le pari gagnant d’un partenariat public-privé, seule solution viable pour développer une enceinte sportive digne de ce nom. Le président réussi à rassembler autour de lui le Conseil Général de Corse-du-Sud et la Collectivité de Corse (partenaires publics) ainsi que Sportfive (partenaire privé). 18 mois de travaux sont annoncés pour un stade porté à 13 500 places au total. Le projet est estimé à 9 millions d’euros. Les Collectivités doivent participés à hauteur de 5 millions d’euros, le club à 3,5 millions d’euros et Sportfive 500 000€. La société se portant caution pour l’emprunt). Les premiers travaux débutent à l’été 2007 par la réfection complète de la tribune JB Poli mais le projet connaîtra de nombreux soubresauts. En effet, un élément est bloquant, le stade est privé et le financement public tarde à venir. L’ACA utilise ses fonds propres pour faire avancer les choses mais les travaux n’avancent pas vite au cours de la saison 2007-2008 et la plus tragique des nouvelles tombera le 31 mars 2008. L’emblématique président Michel Moretti meurt à l’âge de 47 ans. Lui qui a tant donné dans ce projet, qui a tant œuvré pour l’AC Ajaccio, qui a tant aimé et défendu sa terre par ses convictions, ses engagements et dans son métier de journaliste. Sans son énergie, sans sa vision à long terme, le dossier du stade François-Coty n’aurait jamais pu avancer. À son décès, Alain Orsoni annonce qu’à la fin des travaux, le stade portera le nom de Michel Moretti en sa mémoire.  De 2008 à 2010, les dirigeants ajacciens poursuivront comme ils peuvent les travaux entamés dont la couverture de la tribune Faedda, la réalisation de loges et du PC sécurité. Mais l’équilibre est difficile à tenir : il faut créer une équipe compétitive et financer les travaux en même temps... dans l’attente des déblocages de fonds publics. Un exercice difficile à tenir.

2011 : le stade reconnu d'intérêt général

La saison 2010-2011 est un véritable marqueur dans l’histoire du club ! Pour fêter son centenaire, l’ACA réussi le magnifique exploit de monter en première division sous la houlette d’Olivier Pantaloni ! Puis en mai 2011, après deux rassemblements organisés par les supporters et la mobilisation du club et des forces politiques, le stade François-Coty est enfin reconnu d’intérêt général par le ministère des Sports. Cela permet au club de sortir de l’impasse juridique qui entravait les versements de subventions pour la réalisation de travaux prévus depuis 2007. Sous l’impulsion d’Alain Orsoni et de Léon Luciani, le club mène le combat politique et représente des dossiers pour poursuivre les travaux, d’autant plus que la Ligue 1 approche à grands pas. En 2011 des sièges sont posés dans les tribunes JB Poli et Antoine Faedda, en 2012 la pelouse est rénovée, une tribune sud est installée provisoirement côté mer le temps d’entreprendre de nouveaux travaux (en effet le règlement de Ligue 1 exige 3 tribunes ouvertes). En 2013, un terrain d’entrainement est rénové dans les mêmes dimensions que le terrain d’Honneur. Un autre terrain synthétique est spécialement créé et dédié au centre de formation car là aussi de nouvelles exigences émanent des fédérations et ligues pour poursuivre le développement du club et pour obtenir l’agrément de son centre de formation. Les institutions, regroupées aujourd’hui sous la Collectivité de Corse, honorent les engagements pris auprès de Michel Moretti en 2007 avec des dossiers évidement retravaillés dont le projet de départ. En 2013, l’idée de construire une tribune côté mer est abandonnée. Durant trois saisons, de 2011 à 2014, l’ACA évoluera en D1 avec des joueurs emblématiques comme Ochoa, Mutu, Cavalli, Pierazzi, André…  Ces années ont permis au club de passer un cap, dans sa popularité, dans sa professionnalisation et la rénovation de son stade qui profitera de quelques travaux d’amélioration entre 2014 et 2021.

2022 : nouvelle accession en L1 et nouveaux travaux

Les années sont passées, les règlements ont évolué. Il n’existe plus d’obligations concernant la capacité minimale des stades. Toutefois, les clubs sont tenus désormais de se conformer à la « Licence Club ». Ce document exige de nombreux critères liés aux infrastructures du stade, du centre de formation et à la structuration humaine et financière des clubs. Pour obtenir cette licence, il faut répondre à un certain nombre de critères sous peine de ne pas recevoir une partie des droits télévisés. C’est une nouvelle fois avec une accession en Ligue 1, celle obtenue à l’issue de la saison 2021-2022, que l’ACA va investir à nouveau dans la rénovation de son enceinte. Une salle de conférence de presse est née, les espaces médias sont mis aux normes dont la plateforme TV, le réseau fibre est renforcé, les parkings sont enfin goudronnés, des espaces de réception voient le jour comme le salon des légendes, la bodega ou encore les loges 1967 et François-Coty. Le stade est très certainement perfectible encore mais les dirigeants et salariés qui ont œuvré au sein du club jusqu’ici, ont toujours eu à cœur de développer l’infrastructure.

Depuis 1968, le stade François-Coty est le haut lieu du football professionnel à Ajaccio. Il est le point de rassemblement de milliers de supporters Blanc et Rouge. Le lieu de toutes les émotions, de tous les frissons. En plus d’être un joyau patrimonial par son architecture, son emplacement et son histoire, le stade François-Coty est le cœur battant de l’AC Ajaccio.

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