Albert Vannucci, l'international

Albert Vannucci

Il est l’un des joueurs les plus mythiques du football corse! Son talent, sa combativité et son état d’esprit lui ont permis d’écrire les pages d’une histoire absolument fantastique. De la place du Diamant à l’Equipe de France, en passant par l’ACA ou encore Monaco, Albert Vannucci a réalisé un parcours remarquable. C’est avec bonheur que nous avons pu rencontrer l’ancien défenseur international, avant la célébration du cinquantième anniversaire du titre de Champion de France de D2, le 21 avril 2017 au stade François-Coty.

'Un homme à terre est un homme mort'

Bonjour Monsieur Vannucci, racontez-nous comment vous avez réalisé vos débuts dans le football et à l’ACA?
Comme de nombreux enfants à cette époque, je jouais au football sur la place du Diamant. C’est là où nous avons été repérés par des dirigeants de l’ACA. J’étais tout jeune, j’avais 10 ans, j’ai signé ma première licence en catégorie minimes puis j’ai fait toutes mes classes au sein du club. Des amateurs, au titre de champion de corse de DH en passant par la deuxième division, le couronnement en 1967 et les années D1 jusqu’en 1971.

Le couronnement de 1967, que nous allons bientôt fêter à nouveau, a été exceptionnel?
Nous avions une très belle équipe l’année du sacre avec Jean-Jean Marcialis, Etienne Sansonnetti, Papa Barrou, Touré, Alain Mistre… J’étais cette saison-là le benjamin de l’équipe, j’ai débuté tout jeune dans le monde professionnel. Et je dois dire que j’ai appris mon métier avec ceux-là. J’étais passionné et à l’écoute surtout. C’est ça le plus important dans le football, donc j’étais à la bonne école et l’apprentissage fut fantastique notamment avec ce titre, le premier en Corse.







Il est vrai que vous aviez débuté attaquant avant de devenir l’un des meilleurs défenseurs de France, comment avez-vous géré la transition?
C’est une grande anecdote ! Jean-Pierre Knayer avait besoin de moi en défense lors d’un match amical. J’avais le sens du but alors je n’avais pas l’habitude de tacler donc je passais au travers parfois mais j’ai été très bien entouré. Jean-Pierre Knayer me disait « un homme à terre est un homme mort », et il avait raison car il ne fallait pas se jeter. Puis c’est Alberto Muro qui m’a fait confiance à ce poste dans le monde professionnel à son arrivée en 1965.

Est-ce qu’il y a des joueurs qui vous ont marqué durant cette année et qui vous ont épaulé?
Je ne peux pas oublier Jean-Jean Marcialis et Etienne Sansonnetti. Après l’entrainement, ils restaient avec moi sur le terrain justement. Ils m’envoyaient les ballons et me faisaient travailler les contrôles… Je n’ai pas assez remercié ces deux grands talents du football corse. Je suis un peu ému… ils étaient vraiment fabuleux, à l’écoute, ils nous conseillaient, ils amenaient le groupe et ne lâchaient rien sur le terrain. A eux d’eux, il faisait une grande paire Jean-Jean le « fin technicien », Sansonnetti le buteur. La grande classe ! Moïse était aussi un grand personnage.
'La farandole pour le titre est inoubliable'

À travers nos entretiens, on ressent l’ambiance conviviale qui régnait dans l’équipe à cette époque. Quand était-il de l’ambiance au stade Jean-Lluis?
C’était extraordinaire ! Quand on jouait au stade Jean-Lluis, il y avait tous les supporters qui venaient à pied avec les drapeaux, c’était fantastique. C’était un petit stade, c’était plein. Et puis surtout après les matchs, nous montions tous au siège du club au « Grisbi », on restait tous ensemble. Ajaccio était petit, on était proches des gens. La farandole pour le titre de 1967 est d’ailleurs inoubliable !

Quand vous avez découvert le nouveau stade de l’ACA en 1968, le stade François-Coty, quel a été votre ressenti avec vos coéquipiers?
C’était une grande évolution, quelque chose de fabuleux pour nous car le stade Jean-Lluis était petit. Puis à Timizzolo nous avons vécu des choses inoubliables, notamment en 1968. Le fameux derby contre le SCB pour l’inauguration. Puis quand nous avons reçu de grandes équipes de première division.








Des belles années en premières divisions avec l’ACA où vous avez évolué jusqu’en 1971 avant de rejoindre Sochaux. Des saisons exceptionnelles?
Oui car chacun dans notre équipe faisait son boulot sur le terrain, chacun se battait pour le club. Ce n’était pas évident lorsque l’on découvrait l’élite du football français, chaque année c’était dur mais on était présent, on mouillait le maillot. Sans d’énormes moyens, nous arrivions à faire de bonnes choses. Nous avons même terminés aux portes de l’Europe. Ensuite j’ai passé trois années à Sochaux puis Marseille m’a contacté. J’ai joué une saison avec Paulo Cesar, Jairzinho… Après j’ai rejoint Monaco avec qui nous avons été Champions de France de D1 en 1978 avant de revenir à Ajaccio au Gazéléc avec Paul Orsatti puis à Besancon.

'Le titre avec Monaco, un grand souvenir'

Vous avez retrouvé un certain Alberto Muro à Monaco, avec qui vous aviez été champion de France de D2 en 1967 dans la cité impériale!
Tout à fait, alors il y a beaucoup de choses à dire sur Monaco, la première année nous sommes descendus avec Monaco. Ensuite, nous avons fini premier du groupe A de deuxième division lors de la saison 1976-1977. Et nous sommes devenus Champions en première division la saison suivante (1977-1978). Alberto Muro était passionné, il avait du flair. Il était près des joueurs et savait donner de la confiance. C’était aussi un très bon joueur.

Vous êtes devenu le premier footballeur ajaccien à être appelé en Equipe de France, comment cela s’est passé à l’époque?
J’ai été repéré lors du match ACA-Sedan, lors de la troisième journée de championnat de première division en 1968-1969 (victoire de l’ACA 2-0). Je jouais arrière latéral droit avec le numéro 2 et les superviseurs venaient voir un joueur de Sedan. Quelques semaines plus tard, après le premier derby corse de première division, j’ai reçu un télégramme pour m’annoncer ma sélection avec l’équipe de France Espoirs d'Henri Guérin. J’ai joué 12 matches avec les Espoirs, contre l’Espagne, le Portugal, la Suisse, l'Ecosse, la Roumanie, l'Algérie, l'Irlande du Nord... j’étais content pour mes parents bien sûr et surtout pour le club et les supporters.








Après les Espoirs vous avez continué votre ascension jusqu’en sélection nationale A et là vous disputez plusieurs matches, c’est quelque chose de marquant dans une carrière?
Oui, j’ai joué contre la Roumanie au Parc des Princes le 23 mars 1974 avec l’Equipe de France A, nous nous étions imposés 1-0. Puis j’ai joué en Tchécoslovaquie le 27 avril de la même année, nous menions 3-0 avant de nous faire rejoindre 3 à 3. Ces deux matches ont beaucoup compté, j’ai été titulaire avec Marius Trésor et Georges Bereta entre autres! J’ai joué contre l’Ajax aussi, ce sont d’excellents souvenirs.

Que vous inspire l’évènement du 21 avril que nous avons organisons en l’honneur de tous les anciens joueurs qui ont marqué l’histoire du club à votre image?
C’est quelque chose de fabuleux ! Notre titre remonte maintenant à 50 années. C’est quelque chose d’inoubliable, ce que vous êtes en train de faire est vraiment magnifique. Tous nous réunir c’est extraordinaire, cela me touche et me fait énormément plaisir. Il faut également avoir une pensée pour les personnes qui ont fait vivre le club avant la remontée des années 90. Je pense à Dominique Luciani en particulier, François Paoli, Jean Pianelli, Pierrot Faedda, Joseph Riu et Mohamed Azzouz également. Monsieur Federicci était aussi quelqu’un d’emblématique et de charismatique. J’ai signé mon deuxième contrat professionnel après l’ACA avec lui au Dolce Vita pour m’engager avec le FC Sochaux. C’est un grand monsieur du football chez nous, chaque année il arrivait à recruter des très bons joueurs. En tout cas c’est une très belle pensée de l’ACA.

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